Rendez-vous en Hyperanimalité

Il y a quinze ans lors d’un voyage en Afrique, je fis une rencontre qui changea ma vie. Mais je ne le savais pas encore.

Ce n’est que quelques années plus tard que j’ai pu mettre un mot sur ce qui s’était passé, puis par la suite, à de nombreuses reprises, dans des situations toujours inattendues, et parfois brutales aussi douloureuses que joyeuses.

Depuis, j’explore en Occident, en Afrique et en Amazonie ce que je désigne par ‘hyperanimalité’, c’est à dire notre aptitude naturelle à capter de notre environnement des informations invisibles et silencieuses, de manière immédiate sans passer par le raisonnement.

Celle-ci est multiple, dans la nature de ses manifestations, dans le contexte de son expression et dans son utilité.

L’exploration ne fait que s’amorcer, mais dans les premières années cette expérience “hyperanimale” m’a conduit à poser des questions d’ordre spontané, que voici :

  • Avez-vous pris des décisions en apparence “impulsive” au résultat favorable ?
  • Avez-vous agi avec justesse sans pour passer par l’intellectualisation et en particulier ‘l’analyse’ ?
  • Avez-vous développé une idée en apparence “farfelue” pour laquelle il vous a été dit “ça ne marchera jamais”, mais dont les conséquences ce sont révélées visionnaires ?
  • Avez-vous devancé des intentions ou deviné l’état d’esprit de votre interlocuteur sans que celui-ci n’ait rien manifesté d’explicite ?

Si vos réponses ont une tendance favorable, alors peut-être avez-vous expérimenté ce qui se nomme “hyperanimalité”.
Si vous hésitez, peut-être pourriez-vous y prêter attention. Vous pourriez être surpris(e). Au regard de l’histoire Humaine, nous déployons encore des aptitudes que la rationalité n’a pas réussi à éradiquer.

Une connaissance spontanée

L’Hyperanimalité se caractérise par une connaissance spontanée. C’est-à-dire qu’il n’y pas “analyse” ni “délibération” avec notre mental, elle circonstancie les données à utiliser sans perdre de temps par quelque process que ce soit.

Certains l’appellent intuition, instinct, vision, connexion…. C’est certes tout cela, mais c’est bien plus encore.

A ce sujet, Henry Berstein a imagé le concept d’intuition comme notre intelligence en plein excès de vitesse.

Daniel Goleman, journaliste scientifique, évoque deux ‘routes’ cérébrales : celle du haut et celle du bas. Celle du haut procède par étapes, et nécessite une action consciente et soutenue, un effort. Celle du bas s’image comme une autoroute opérant à notre insu, elle traverse le tronc cérébral, l’amygdale, les cortex singulaire antérieur, ventro-médien et orbitofrontal. Autrement dit, elle construit une cartographie globale qui nous permet en “un éclair” de conjecturer, agir, opérer de manière circonstanciée dans un contexte donné.

Ce processus, en tant que concept, peut se nommer l’hyperanimalité, car il permet de décider et d’agir de manière adaptée, lors de situations inédites, ou complexes, lorsque le savoir est inutile, ou lorsque le temps de la réflexion devient un handicap.
Une connaissance du corps.

Si les travaux tels ceux de Damasio s’accordent pour dire qu’en situations critiques les décisions prises “d’instinct” sont plus fiables que celles prises sur une modalité analytique, les procédés de recueil restent, selon les modèles classiques, encore mal connus. Pour certains la convocation de la mémoire émotionnelle serait une explication, pour d’autres, l’apprentissage en est une autre. Pour ma part, l’expérimentation sur le terrain soutenue d’une étude conduite auprès de scientifiques d’univers multiples (anthropologie, éthologie, neuroscience, sinologie, ethnologie, etc.) depuis 15 ans m’a conduit à poser d’autres hypothèses, comme celles mécanismes biologiques sous-tendant ladite hyperanimalité.

Cette aptitude naturelle à capter des signaux infra-faibles de notre environnement ne tient-elle pas avant tout au fait que nous sommes un écosystème dont la complexité s’enchevêtre dans une complexité plus large … Nous fabriquons et accumulons en continu des milliards de données d’informations.

Mes nombreux échanges m’ont conduit à élaborer l’hypothèse plausible que les mécanismes de l’évolution aient sélectionné ces formes d’aptitudes, permettant ainsi à l’humain (ainsi qu’à d’autres espèces animales) de survivre et se développer dans un univers souvent perçu comme hostile et dangereux du point de vue de notre culture Occidentale.

Je vous propose d’aller en expérimentation de ce que l’hyperanimalité nous offre comme nouvelles options en nous offrant ce cadeau de (re)déployer ce potentiel humain oublié.

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Références
Antonio Damasio, L’erreur de Descartes
Daniel Goleman, L’Intelligence Emotionnelle
Enhancing Intuitive Decision Making through Implicit Learning, J. Cohn, P. Squire, I. Estabrooke, E. O’Neil – Office of Naval Research, USA. in Foundations of Augmented Cognition: 7th International Conference, AC 2013, Held as Part of HCI International 2013, Las Vegas, NV, USA, July 21-26, 2013. Proceedings
John Kounios and Marc Beeman, The Eurêka Factor: Creative Insights and the Brain